samedi 5 mars 2011

La découverte d'un club et d'un athlète exceptionnel

Dans mon billet précédent, je vous ai raconté ma saison 1982 qui était en fait ma deuxième à titre de marathonien. Ma saison 1983 en sera une marquée par deux découvertes importantes: un club de course à pied et un athlète exceptionnel.

Découverte d'un club de course à pied

Je m'entrainais toujours seul en vue de mon quatrième marathon. J'avais ciblé le marathon d'Ottawa pour le printemps 1983 du fait que les organisateurs du marathon de Montréal avaient pris la sage décision de revenir au mois de septembre avec leur évènement . Comme durant les saisons précédentes, j'accomplissais mon entrainement seul en utilisant le programme du marathon de Montréal.

Un mercredi d'avril, plus précisément le 20 avril 1983, je me rendis dans une boutique spécialisée en course à pied pour l'achat d'une nouvelle paire d'espadrilles. Le vendeur se nommait Jacques Mainguy. Jacques s'informa de ce que je faisais comme course à pied. Il me conseilla adéquatement pour mes espadrilles. Il me dit qu'il entrainait un club de course à pied, soit le club La Foulée et il m'invita à une séance d'essai le jour même en fin d'après-midi. Comme Jacques était très enthousiaste et que je l'étais aussi, j'acceptai son invitation.

Je me rendai donc face au YMCA à Québec pour l'entrainement de groupe qui commençait à 17:30 heures. Le groupe était en fait composé de deux clubs, soit le club La Foulée et le club Les Centaures qui n'existe plus aujourd'hui. Je découvrai, dès le rassemblement, une «gang» de coureurs chaleureux, enthousiastes et surtout, mordus de la course à pied comme moi. Ce premier entrainement de groupe sur les Plaines d'Abraham était de type cross-country, entrainement que je ne connaissais pas. Jacques Mainguy dirigeait son groupe d'une main de maître. Les coureurs étaient détendus et blaguaient constamment. Je n'oublierai jamais ce premier entrainement avec La Foulée et les Centaures. On me laissa le choix du club avec lequel je désirais adhérer. Je choisirai la Foulée et j'en serai membre pendant 15 ans jusqu'en 1998. Ce club sera une partie importante de ma vie pendant cette période et je m'y ferai plusieurs amis.

La découverte d'un athlète exceptionnel

En revenant d'une compétition, j'étais dans l'autobus de la ville et j'aperçus un homme handicapé visuel dans le même autobus. Il revenait de la même compétition que j'avais faite. Celà piqua ma curiosité et j'entamai la conversation avec lui. Il s'appelait Jean Bouchard. Il était âgé de 46 ans. Il m'expliqua qu'il avait un perdu la vue graduellement dans la trentaine car il souffrait de la rétinite pigmentaire. Il lui restait très peu de vision. Il avait découvert la course à pied à l'âge de 36 ans et ce fut une révélation pour lui.

Il avait participé à la compétition avec un guide qui était relié à lui par un élastique au poignet. Il me raconta que c'était difficile pour lui de trouver des coureurs guides. Cet homme courageux suscita mon admiration et je lui offris de l'accompagner pour un entrainement. Jean courait le 10 km en près de 40 minutes et était donc à peu près du même calibre que moi. En fait,  j'étais un peu plus rapide que lui, d'environ une minute sur 10 km. Celà me permettait d'être à l'aise quand il tirait sur la corde.

Au courant de cette saison 1983,  je ferai plusieurs entrainements avec lui et quelques compétitions de 10 km avec lui. Je devins son guide régulier et je lui offrirai mon support jusqu'au début des années 90. Jean Bouchard, aujourd'hui âgé de 74 ans, s'entrainant encore régulièrement au PEPS de l'Université et participant toujours à des compétitions de 10 km, est à mes yeux, un grand athlète, un athlète exceptionnel. Un des ses premiers guides, Laurent Bilodeau, a écrit un livre sur sa vie ( Bilodeau, Laurent, Jean Bouchard, marathonien aveugle, Arion, 1994.) Jean sera une inspiration dans ma vie de marathonien à cette époque et une découverte aussi importante que celle du club La Foulée.

Mes compétitions de la saison 1983

Après ces deux magnifiques découvertes de la saison 1983,  je veux quand même vous parler de mes compétitions.

Côté marathon, je participai pour la première fois au marathon d'Ottawa. Comme je venais d'entrer dans le club La Foulée,  je pus me joindre à un voyage en autobus organisé par La Foulée et Les Centaures. La semaine prédécent le marathon qui se tenait le 15 mai 1983,  j'avais fait une diète consistant à se priver d'hydrates de carbone les trois premiers jours et s'en gaver les trois derniers, qu'on appelait la diète par surcompensation. J'y croyais énormément. Cependant, à mon arrivée à Ottawa le samedi 14 mai, je décidai d'aller reconnaître le parcours dans un petit autobus que les organisateurs avaient mis à la disposition des coureurs. Après mon escapade, lorsque j'arrivai à la cafétéria de l'Université Carleton pour le festin de pâtes, c'était terminé et la cafétéria était fermée. Je cherchai sans succès un restaurant aux alentours offrant des pâtes. Je fis donc l'erreur de ne rien manger, sauf un muffin, entre 18:00 heures et mon coucher.

Le lendemain,  je pris un gros déjeuner pour compenser. Ce ne fut pas suffisant et mes réserves de glycogène musculaire furent déficientes. Je payai chèrement mon erreur de la veille en terminant péniblement mon marathon en 3:58:40, mon pire marathon à ce moment. Cependant, j'appris beaucoup de l'erreur commise la veille.

Je me repris allègrement dans le reste de ma saison: six compétitions de 10 km entre 44:46 et 41:41 dont quelques unes comme coureur guide pour Jean Bouchard, un 15 km St-Phélippe-de-Néri en 67:51, le demi-marathon Phil Latulippe en 1:34:38 et finalement le marathon de Montréal pour couronner cette belle saison en 3:26:53. Je venais de retrancher 10 minutes à mon meilleur temps à vie sur marathon. Les entrainements de groupe du Club La Foulée y ont fait pour beaucoup: longue sortie du dimanche au pace marathon, intervalles le lundi sur la piste extérieure du PEPS et cross-country le mercredi sur les Plaines d'Abraham. C'était difficile, j'avais parfois mal aux jambes mais j'étais prudent et prenais le repos nécessaire afin de bien gérer quand c'était inquiétant.

Somme toute, cette saison 1983 fut, pour moi, exceptionnelle à tous les niveaux comme coureur. Je ne l'oublierai jamais.

3 commentaires:

  1. Encore une fois, un billet brillant et fort intéressant!!! Et ce cher Jean Bouchard, toute une inspiration; je m'incline bien bas devant lui!

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  2. Quelle plume tu possèdes mon cher ! Comme Claire, je dis quelle belle inspiration ce Jean Bouchard. Des gens passionnés comme Jean, ça change des vies. En 2009, je suis allé assisté au demi-marathon de la course de l'Armée à Ottawa. Les soldats handicapés défilaient devant nous. J'en avais les larmes aux yeux de voir des gens travailler si fort pour réaliser une course. Depuis ce temps, je ne me plains plus.

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  3. Merci à vous deux. Pour la plume, Luc, je crois que mes années de pratique comme avocat où je rédige à chaque jour doivent m'aider. Cependant, je découvre une certaine aisance avec la rédaction de ce blogue. C'est la première fois que je fais cet exercice. Il faut dire aussi que ma grande passion pour la course à pied y est pour quelque chose.

    En ce qui a trait à Jean Bouchard, tu as tout à fait raison. C'est un véritable passionné. Il a aujourd'hui 74 ans et il prend encore l'autobus plusieurs fois par semaine pour aller s'entrainer au PEPS de l'Unversité Laval. Quel athlète !

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