vendredi 8 avril 2011

Mes meilleures performances à vie sur demi-marathon et marathon

Vous avez sûrement remarqué depuis deux semaines l'image de fond pour le titre de ce blog. Il s'agit d'une photo prise en 1988 au Marathon de Montréal. Je vous expliquerai un peu plus loin pourquoi elle est si importante pour moi.

Tout d'abord, l'année 1988 sera différente pour moi par rapport à l'année 1987 en ce qui a trait à deux éléments. Premièrement, je ne guiderai presque pas mon ami Jean Bouchard, coureur handicapé visuel. Au courant des années antérieures, plus particulièrement en 1986 et 1987, je me suis en quelque sorte sacrifié pour me mettre à son service. Entres autres, les marathons de Montréal 1986  ( 3:06:41) et 1987 ( 3:09:56 ) auraient être plus rapides pour ma part. Cependant, les services que je lui ai rendus comme coureur guide à Montréal lui auront permis de réaliser son meilleur temps à vie sur marathon en 1986. Il avait alors 49 ans et il n'abaissera jamais ce 3:06:41.

Jean en était bien conscient. D'ailleurs, je lui avais indiqué que j'aimerais bien en 1988 courir seul afin de voir de combien de minutes je pouvais abaisser ce 3:06:41. Je crois que je rêvais d'un marathon sous les 3 heures. Donc, Jeannot a accepté de me laissser compétionner seul en 1988. À part les championnats canadiens pour personnes handicapées visuelles à Vancouver où je guiderai Jean, c'est André Jean qui lui fera office de guide durant la saison 1988. André avait déjà guidé Jean à quelques reprises en 1986 et 1987. Il deviendra son seul et unique guide en 1988. Je passais donc le relais à un coureur d'une grande générosité, un homme aux grandes qualités, qui a accompagné Jeannot pour de très belles courses.

Le deuxième élément de changement pour cette saison 1988 est que je me suis concentré uniquement sur la course à pied. Je vous ai expliqué dans mon dernier billet pourquoi j'ai cessé la pratique du triathlon. Tout cet entrainement de gros volume en triathlon effectué au courant de la saison 1987 rapporterait-il des dividendes ?

Je m'enligne donc en début d'année 1988 pour un marathon de printemps en pensant à Ottawa et j'effectue la préparation nécessaire à cet effet. Cependant, quelques semaines avant le marathon de Boston, j'aurai une offre pour participer au marathon de Boston et je ne pourrai laisser passer l'occasion.

Je ferai donc le voyage avec des amis du club La Foulée et je participerai, pour une deuxième fois, à ce prestigieux marathon. Je pourrai profiter au maximum de l'ambiance survoltée régnant tout au long du parcours. Je bouclerai le parcours en 3:19:40. Je retrouve une note dans mon carnet d'entrainement à l'effet que j'ai fini très fort. Voici une photo de ma participation:



Il  s'agira de ma première compétition de l'année 1988, le club ayant manqué le voyage à Chicoutimi pour la course des Pichous en février vu qu'il y avait une tempête de neige cette journée là. Suite au marathon de Boston, je ferai deux compétitions de 10km avant de me présenter au Demi-marathon Phil Latulippe le 6 août 1988 bien entrainé et reposé. Mes longues sorties de 30 km au courant de l'été ont été faites sur des paces allant de 4:30/km à 4:20/km. Je sentais une forme que je n'avais jamais eue avant, le petit quelque chose de plus qui donne habituellement le meilleur résultat de nous-même. Tout le volume effectué durant mes trois saisons antérieures de triathlon donnera mon meilleur temps à vie sur demi-marathon, un «personnal best» qui tient encore à ce jour, soit 1:25:22:




La table sera donc mise pour le marathon de Montréal le 4 septembre 1988. Après avoir accompagné et guidé Jean Bouchard à Vancouver pour le championnat canadien du 25 août au 27 août, je reviens me reposer à Québec pour la semaine précédant le marathon. Le jour J, un fort taux d'humidité règne sur Montréal et les conditions sont très difficiles pour performer. Cependant, j'arrive à Montréal avec une confiance totale que je peux faire la performance de ma vie. Je pars donc sur des bases de 4:15/km, soit le pace nécessaire pour passer sous la barre des trois heures. Je suis extrêmement concentré. Me voici dans le costume du club La Foulée avec la petite casquette  au 13ième kilomètre:



Nous sommes toujours sur le pace de 4:15/km. L'autre coureur du club La Foulée ne tiendra pas le coup et disparaîtra rapidement. Le miracle se produit. Je tiens le coup et je suis bien. J'arrive au 29ième kilomètre:



Je suis toujours sur le pace de 4:15/km bon pour casser la barrière des 3 heures. Cependant, à ce rythme et à l'humidité qui règne cette journée là, les coureurs sont maintenant plus espacés. Je dois me concentrer d'une façon incroyable car mon corps me dit juste de diminuer un peu le rythme. Un grand coureur que j'ai déjà croisé sur les Plaines d'Abraham et qui faisait habituellement ses marathons en 2 heures 48 - 2 heures 50 arrive dans mon champ de vision. Il est à 4:15/km et il a diminué son rythme habituel. Je sais que si je m'accroche à lui, je terminerai sous les trois heures. Je m'entends avec lui et il me servira de locomotive dans les dix derniers kilomètres. Je maintiendrai le même pace jusqu'à la fin et dans les derniers mètres, je verrai le chrono de la ligne d'arrivée passer de 2:58:59 à 2:59:00. Je le revois encore aujourd'hui comme si c'était hier:




Je donne le dernier effort et je rentre en 2:59:31:




Je suis aux anges. J'avais réalisé ce que je désirais secrètement depuis quelques années lorsque j'admirais les meilleurs coureurs du club La Foulée à l'entrainement. Avec un talent limité mais à force de détermination, d'entrainement et d'amour de la course à pied, j'avais réussi à passer sous les trois heures sur la distance. Cette performance restera mon meilleur temps à vie sur marathon à ce jour et la seule fois où j'ai fait moins de trois heures.

Le mercredi suivant, à l'entrainement de groupe du club La Foulée sur les Plaines d'Abraham, j'ai su que personne du club n'avait performé à Montréal compte tenu du fort taux d'humidité. J'avais été le seul à le faire. Ce jour avait été pour moi ce moment unique où tout était en place pour la performance de ma vie. Malheureusement, le coach de notre club avec qui j'avais eu un différend l'année antérieure et qui savait très bien que j'avais été le seul à performer, dira devant tout le groupe que ceux qui avaient performé avaient eu de la chance. Je ressortirai de cet entrainement complètement abasourdi. Mes amis du club, eux aussi, n'en reviendront pas. Ce coach, qui avait été une référence pour moi pendant des années, deviendra, dans les années suivantes, une anti-référence. Je demeurerai encore au sein du club La Foulée pour une dizaine d'années mais uniquement pour les amis merveilleux que je m'étais faits au sein de ce groupe.

Je terminerai cette année 1988 par un deuxième voyage au marathon de New-York. Le voyage avait été organisé par Adrien Lachance, un excellent coureur vétéran du club La Foulée. Je vous présente quelques photographies:





Je terminerai ce marathon en 3:11:29, le meilleur temps du groupe La Foulée, me permettant même de dépasser Adrien Lachance et Roger Goulet qui avaient habituellement des meilleurs temps sur marathon que moi. Encore la preuve que c'était mon année. J'avais partagé la chambre d'André Jean et de Jean Bouchard qui avaient couru le marathon ensemble et André a pris cette photo après la course:


Je vous la présente car elle réflète toute la fierté et le bonheur que j'ai vécu durant cette année 1988. Car il y deux courses qui marquent à vie un marathonien: son premier marathon à vie et son meilleur temps à vie. Ce que j'ai fait à Montréal en 1988, jamais plus je ne le referai. Cependant, ce marathon restera gravé à jamais dans ma mémoire et dans mon coeur.

À suivre ...

1 commentaire:

  1. Sous les 3 heures, oups, pardon, 2h59, c'est vite pour un marathon. Sur ta dernière photo, je peux voir toute ta fierté d'avoir fait ton marathon de Montréal. C'est vrai que les dividendes du vélo payent.

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