Après avoir guidé Jeannot au 10km du Carnaval (42:10) le 8 février 1987, nous nous rendons à Chicoutimi pour la traditionnelle course des Pichous. Comme je vous l'ai déjà expliqué, c'était un véritable pélerinage pour le club La Foulée car nous nolisions un autobus et la grande majorité des coureurs du club faisaient partie du voyage. J'agirai encore comme guide pour Jean Bouchard. Vous vous souvenez de cette photo qui apparait dans le livre de Laurent Bilodeau et que je vous ai déjà présentée ? C'est cette année-là qu'elle a été prise:
Nous avons alors parcouru les 15 km en 61:17. Au début de l'hiver 86-87, j'avais informé Jean qu'il existait une catégorie pour les coureurs handicapés visuels au marathon de Boston. Il va de soi que ce cher Jean était partant. Il l'était d'ailleurs toujours dès que je lui proposais quelque chose. J'ai donc écrit une lettre de présentation aux organisateurs et nous avons obtenu deux dossards, le mien étant à titre de coureur-guide naturellement. C'était une belle occasion pour moi de participer à ce marathon mythique car, à l'époque, le standard de ma catégorie (20-29 ans) était de 2:50:00, ce qui était hors de mon registre.
Jean et moi avons donc fait plusieurs entrainements ensemble au courant du mois de mars. Mon carnet d'entrainement pour le mois de mars 1987 révèle le kilométrage suivant: 107km (semaine du 1er mars), 118 km (semaine du 8 mars), 130km (semaine du 15 mars) et 110km (semaine du 22 mars). De quoi être prêt pour le marathon avec tout ce volume.
Ce premier marathon de Boston fût une expérience extraordinaire en ce qui nous concerne. Jean était aux anges. Il saluait presque continuellement les spectateurs qui nous encourageaient. Quant à moi, je n'avais aucun problème à manoeuvrer avec lui au travers du peleton compact de coureurs, ayant déjà vécu l'expérience de le guider au marathon de Montréal à quelques reprises dans les années antérieures à l'époque où plus ou moins 10 000 coureurs s'élançaient du pont Jacques- Cartier pour franchir les 42.2km. En 1986, nous avions réalisé ensemble un temps de 3:06:41 à Montréal. Le marathon de Boston est beaucoup plus difficile avec ses nombreuses côtes dans les sections critiques du parcours. Nous n'avons qu'à penser à la fameuse Heartbreak Hill. Nous ne mettrons que 10 minutes de plus qu'à Montréal pour compléter le parcours:
Comme vous pouvez le constater, Jeannot était très fier, cette année là de représenter le Canada au marathon de Boston dans la catégorie coureur handicapé visuel.
Dans la semaine suivant le marathon, je sors mon vélo et je commence immédiatement à rouler en vue de mes triathlons de l'été. Mon volume se fera alors dans les trois sports (natation, vélo, course à pied), souvent avec des journées où j'irai rouler en vélo le matin avant d'aller travailler, nager sur l'heure du midi et courir en fin de journée. Je continue toujours l'entrainement de course à pied avec le club La Foulée afin de garder la préparation nécessaire pour le marathon. Et comme de raison, plusieurs courses sur route en mai, juin et juillet.
En effet, il y aura 2 compétions de 10km dont une comme guide, 2 de 15km dont une comme guide, le 20km du Maski-Courons comme guide, le 20km du Lac Nominingue comme guide où Jean et moi avons été invités toutes dépenses payées et le demi-marathon Phil-Latulippe où notre tandem réalisera un temps de 1:26:25 (1er août 1987). Voici d'ailleurs une photo de cette course:
Un autre évènement de course à pied un peu particulier mérite aussi d'être mentionné. La fin de semaine du 27 et 28 juin 1987, était organisé un ultra-marathon de 24 heures à Montmagny. Les spécialistes de la distance s'y étaient donné rendez-vous. Les organisateurs avaient aussi prévu un volet par équipe. J'avais donc formé une équipe de huit (8) coureurs du club La Foulée, chaque coureur devant faire 3 heures.
Le départ de cette course fût donné le samedi 27 juin à 18:00 heures. J'avais choisi le chiffre de nuit, soit de 3 heures à 6 heures. À la dernière minute, mon coureur de minuit à 3 heures a déclaré forfait. J'ai donc pris sur moi de faire un six heures, soit de minuit à 6 heures. Comme je n'avais aucun entrainement pour l'ultra-marathon, je décidai de prendre un très petit rythme pour moi à l'époque, soit 6min./km. De façon très stable, j'ai gardé ce pace pendant 6 heures et j'ai franchi la distance de 60km, soit la plus grande distance que j'ai franchi comme coureur dans ma vie. Je me souviens encore comme si c'était hier du lever du soleil dans la dernière heure de mon six heures. Je vous présente une photo de groupe de mon équipe et de celle de l'Espoir qui comprenait des coureurs handicapés:
Le mois d'août sera consacré à trois triathlons, soit celui de Ste-Foy, celui de Shipshaw dans la région du Saguenay où j'agirai comme guide pour Jean en vélo tandem et en course à pied et enfin, mon objectif principal, le triathlon du Lac Beauport. C'est en 1987 que je réaliserai mon meilleur temps lors de cette difficile épreuve ( 2 heures 48 minutes ) entre autres, grâce à plusieurs entrainements en vélo avec le club de coureurs cyclistes Demers bicycles. J'ai fait avec ce club plusieurs grandes sorties où j'ai appris à rouler dans la roue. Ces garçons trouvaient que le triathlète ne donnait pas sa place. L'été 1987 aura été caractérisé par du très grand volume dans les trois sports.
Après ce triathlon, j'ai accompagné Jeannot pour le championnat canadien pour athlètes handicapés visuels à Brantford, Ontario. Nous avons voyagé en avion avec l'équipe du Québec. J'ai guidé Jean sur trois épreuves en trois jours:
27 août: 5000 mètres en 19:21;
28 août: 1500 mètres en 5:30;
29 août: 10km sur route en 40:21;
Au retour à Québec, il restait au programme en septembre le 10km de l'Université Laval et le marathon de Montréal. Comme j'avais déjà promis à Jean de le guider à Montréal, je lui ai signifié que je désirais me tester au 10km de l'Université Laval après tout ce volume d'entrainement effectué pour le triathlon et ces compétitions à titre de coureur-guide où je restais toujours un peu en dedans de mes capacités. J'ai donc trouvé un coureur assez rapide pour que Jeannot puisse effectuer un bon temps à la hauteur de ses capacités. Je me suis donc élançé seul sur le parcours du 10km de l'Université Laval ce matin du 13 septembre 1987 et voici le résultat:
Ce chrono de 37:45 restera mon meilleur temps à vie à ce jour sur la distance du 10km. Cette course restera donc gravée dans ma mémoire.
La saison 1987 se concluera avec le Marathon de Montréal, le 27 septembre, où Jean et moi avons enregistré un chrono de 3:09:56:
Bref, une année 1987 couronnée de succès où je me suis encore amélioré comme coureur. Certes, je le dois à ma détermination et à mon entrainement mais je le dois grandement à cet athlète exceptionnel qui m'a fait jeter bien des efforts à l'entrainement:
Cette photo a été prise en juillet 1987 lors d'une séance d'entrainement sur piste du Club La Foulée. Je trouve que c'est la plus belle de mon ami Jeannot et de moi-même. Cette journée-là, il faisait une chaleur suffocante. Tout l'esprit de la course à pied se retrouve dans cette photo: l'effort, la détermination, la camaraderie, le dépassement de soi.
Et pourquoi l'année 1987 fût ma dernière comme triathlète. La raison est simple: le manque de temps. Pour continuer à progresser dans cette discipline, je devais investir beaucoup de temps surtout en vélo. J'avais eu du temps en 1985 et 1986 comme stagiaire et avocat au contentieux du ministère des transports du Québec. Cependant, après quelques mois de chômage, j'ai ouvert progressivement mon cabinet d'avocat en 1987. Je devais donc choisir pour les années subséquentes car mon choix de carrière était plus exigeant. J'ai décidé de garder uniquement la course à pied afin de me permettre d'avoir plus de temps pour ma pratique privée d'avocat.
À suivre.
En tant que coureur guide, cela doit demander tout une confiance en soi. Déjà que de réaliser un temps pour soi peut être exigeant, le faire avec une autre personne doit l'être encore plus. Tu dois avoir un mental de fer !
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